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L'envolée du platine : prélude à une ère industrielle renouvelée ?

En 2025, le platine sort de l’ombre et attire les projecteurs. Entre tensions d’approvisionnement et nouveaux usages industriels, ce métal méconnu pourrait bien changer de statut.
 

Avec une hausse de plus de 40 % depuis janvier, le platine réalise l’une des meilleures performances parmi les métaux précieux. Longtemps resté discret, il revient sur le devant de la scène, dopé par un cocktail rare : une offre contrainte, une demande diversifiée, et un regain d’intérêt des investisseurs.
 

Offre comprimée : le talon d’Achille sud-africain L’Afrique du Sud produit près de 70 % du platine mondial. Or, le secteur y fait face à de lourdes difficultés : coupures électriques chroniques, fermetures de sites non rentables, restructurations… Résultat : une production en berne, avec des volumes au plus bas depuis 10 ans.
 

Autre pilier fragilisé : le recyclage. Le platine est en partie issu du retraitement des catalyseurs automobiles. Or ce gisement, appelé "seconde mine", est lui aussi en repli : pénurie de pièces usagées, ralentissement du secteur, baisse de rentabilité. Selon le World Platinum Investment Council (WPIC), le marché est désormais structurellement déficitaire.
 

Une demande industrielle en mutation Traditionnellement utilisé dans les pots catalytiques de véhicules thermiques, le platine connaît une seconde vie grâce à la transition énergétique. Il est un composant clé des électrolyseurs PEM et des piles à combustible à hydrogène. Plus de 50 % des projets mondiaux d’électrolyse d’ici 2030 s’appuient sur cette technologie.
 

Autre débouché en forte croissance : la bijouterie. Avec un or à plus de 3 300 dollars l’once, le platine devient une alternative de luxe plus accessible, notamment en Chine où les ventes ont bondi de 26 % au premier trimestre. Ce repositionnement dans le haut de gamme attire une clientèle nouvelle.
 

Et pour les investisseurs ? Face à la flambée de l’or et au manque de rendement obligataire, le platine attire les investisseurs en quête de diversification. Les ETF spécialisés enregistrent des flux nets positifs. Pour Antoine Fraysse-Soulier (eToro), le métal bénéficie aussi de son image d’actif refuge alternatif, en période de tensions géopolitiques.
 

Mais le pari n’est pas sans risques : le marché reste étroit, la volatilité élevée, et les débouchés industriels liés à l’hydrogène encore dépendants de politiques publiques incitatives. En outre, un ralentissement du secteur automobile ou un rebond inattendu du recyclage pourrait rééquilibrer le marché plus vite que prévu.
 

Le platine semble engagé dans une nouvelle dynamique. Si les tensions sur l’offre persistent et que les usages liés à la transition énergétique se concrétisent, il pourrait s’imposer durablement comme un actif stratégique. Pour les investisseurs, le timing et la gestion du risque resteront essentiels.
 


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